Un jour comme un autre à Ishgard…. Pas vraiment.
Un autre jour neigeux à Ishgard !
C’est dans un souffle glacé qu’Aetheline releva le nez et constata que le ciel était d’un noir d’encre. Comment garder le moral dans une ville où le soleil semblait avoir renoncé à briller ? Remontant son col pour mieux se protéger du froid, elle prit la direction de la Brouillasse.
La maison Fortemps apportait son aide aux défavorisés et la jeune Hyure était chargée de veiller à la distribution des dons dans ce quartier en pénurie de tout. Les gens commençaient à la connaitre, mais, en tant qu’étrangère à la Sainte Cité, elle sentait leur regard méfiant la suivre à chaque fois.
La matinée passa rapidement, entre la distribution de couvertures et de repas chauds, elle ne vit pas le temps s’écouler. Son estomac lui rappela qu’elle devait elle aussi se sustenter, aussi elle reprit le chemin de l’auberge du Chevalier oublié. Au passage, elle salua le groupe d’enfants qui, lors de sa première visite, l’avait accueilli à grand renfort de boules de neige et d’insultes. Ne se laissant pas démonter, elle avait répliqué et la dispute s’était vite transformée en bataille de boules de neige générale. Depuis lors, les enfants étaient les seuls élézens à lui adresser des sourires et à la saluer avec sympathie.
Ce jour-là, Florentin se tenait à l’écart de ses amis et lui fit signe de venir dès qu’il la reconnut. Intriguée, Aetheline s’avança vers le garçon :
« Bonjour, Florentin, tout va bien ? »
Du haut de ces 13 ans, il prit une mine grave, se racla la gorge et rentra dans le vif du sujet :
« Ca fait plusieurs jours que Rielle ne vient pas, ce n’est pas normal. Elle était malade la dernière fois que je l’ai vu et … et je m’inquiète vraiment »
L’inquiétude du petit était sincère et il abandonna vite son visage sérieux pour son âge. Aetheline se rapprocha et écouta attentivement ce que le jeune élézen lui expliquait : Rielle était l’enfant unique d’une maison secondaire servant Ishgard depuis plusieurs générations, mais la disparition récente du père dans des circonstances troublantes l’avait fait tomber en disgrâce. Privées de ressources et du soutien du Saint Siège, la mère et la jeune orpheline avaient trouvé refuge dans une maison près du marché.
Rielle avait pris l’habitude de venir chercher des repas chauds à l’auberge et avait vite sympathisé avec les chenapans qui jouaient dans les ruelles attenantes.
Mais voilà, son état de santé s’était dégradé d’un seul coup. Florentin, connaissant la précarité de leur situation, demanda à Aetheline si elle pouvait rendre visite à cette famille et voir de quoi il en retournait. La jeune femme se voulut rassurante et lui promit de passer les voir dès que possible.
L’occasion se présenta rapidement car Gibrillon, l’aubergiste de la taverne, se retrouva en manque de denrées pour le service du soir. Aetheline se proposa volontiers pour faire un détour par le marché. Une fois sa tâche expédiée, elle chercha la demeure que Florentin lui avait indiquée le matin même. Arrivée devant une porte en bois, il s’avéra qu’il s’agissait plus d’un taudis qu’autre chose. La ruelle était sombre et encombrée de caisses en bois à moitiés détruites.
Ayant frappé à la porte, Aetheline sautillait d’un pied sur l’autre pour se réchauffer attendant que quelqu’un vienne lui ouvrir. Une grande élézenne se présenta et la fit entrer dans une pièce mal éclairée de la taille d’un réduit. La jeune hyure expliqua la raison de sa venue et qu’elle ne fut pas sa surprise de voir cette femme distinguée éclater en sanglots devant elle. Elle essaya de la réconforter comme elle put et, la crise de larmes passée, l’élézen la conduisit dans l’unique autre pièce de l’appartement.
A la lueur de la chandelle qui brulait sur la table de nuit, Aetheline distingua une enfant aussi pâle que les draps de lin dans lesquels elle reposait. Après l’avoir examinée avec attention, elle conclut que la petite ne souffrait d’aucune blessure physique et n’avait pas de fièvre qui aurait pu expliquer une infection. Elle semblait juste vidée de son énergie. La voyant ainsi, Aetheline ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour son frère, après tout ils étaient passés par cet état avec les évènements de l’esprit du Néant.
Prenant les mains toutes pâles de l’enfant dans les siennes, elle ferma les yeux et se concentra pour essayer de rétablir l’équilibre des énergies. L’opération prit sans doute de longues minutes mais Aetheline ne reprit pied dans la réalité qu’à l’appel de la mère inquiète qui avait entrouvert la porte de la chambre. Reposant les mains de Rielle sur les draps, elle regarda le petit visage de l’enfant qui semblait avoir repris quelques couleurs. Reprenant elle-même son souffle, elle constata que la fillette clignait plusieurs fois des paupières et fixait sur elles un regard hagard.
Laissant les deux élézens se retrouver, elle attendit quelques minutes dans la pièce d’à côté. Le rétablissement éthérique qu’elle avait opéré avec Rielle l’avait vraiment fatigué mais elle devait parler à la mère avant de rentrer se reposer.
Elle réapparut en essuyant discrètement ses yeux et réajustant ses binocles sur son nez fin. L’invitant à prendre place sur l’un des deux tabourets que comptait la pièce, la mère la regarda avec espoir.
Aetheline lui expliqua qu’elle ne comprenait pas exactement ce qu’avait sa fille. Elle n’avait fait que redonner un peu d’énergie à la fillette et que, sans trouver la cause profonde de ce mal, elle retomberait malade rapidement. Dame Vivienne baissa les yeux et se mit à pleurer en silence. Gênée, Aetheline n’osa pas bouger ni essayer de la réconforter. Après tout, les Elézens d’Ishgard semblaient si collés montés par moment.
Elle reprit sa contenance après quelques minutes et remercia la jeune femme pour son aide. Aetheline lui assura qu’elle repasserait le lendemain pour voir l’enfant et sortit de la maison après une dernière salutation.
C’est le pas lourd qu’elle rejoignit l’auberge du Chevalier Oublié. La neige continuait de tomber, la nuit aussi s’était installée, mais Aetheline restait insensible à ces détails, l’esprit tourné vers Rielle et son mal mystérieux. Elle monta directement dans sa chambre, s’écroula sur son lit notant au passage qu’Harald n’était toujours pas rentré de sa mission. Elle ferma les yeux se promettant de se reposer que quelques minutes…